Le 13 mars, notre école a eu l’honneur d’accueillir Alexandre Boulerice, député de Rosemont–La Petite-Patrie et membre du Nouveau Parti démocratique (NPD). Lors de cette rencontre, il a partagé avec nous son parcours politique, ses engagements et sa vision des enjeux actuels, tout en répondant aux nombreuses questions des élèves.
Un parcours politique marqué par la persévérance
Alexandre Boulerice est un homme politique engagé, mais avant de se lancer dans ce domaine, il a exercé plusieurs métiers. D’abord journaliste, il a toujours été passionné par les enjeux sociaux et politiques. Son engagement l’a progressivement conduit à s’engager en politique et à rejoindre le NPD, un parti qu’il considère comme porteur des valeurs de justice sociale et d’égalité.
Il a raconté qu’en acceptant d’être candidat pour le NPD, il s’était fixé l’objectif de participer à trois élections, en ayant conscience que gagner une élection fédérale, surtout pour un candidat du NPD, était un défi de taille. Cependant, contrairement aux prévisions de son parti, qui lui avait dit qu’il gagnerait lors de sa troisième tentative, il a réussi à être élu dès sa deuxième participation. Depuis, il a remporté plusieurs élections, consolidant ainsi sa place au sein du paysage politique canadien et en tant que figure clé du NPD au Québec.
Pourquoi le NPD a-t-il du mal à gagner au fédéral?
Un élève a posé une question intéressante : pourquoi le NPD n’arrive-t-il pas à s’imposer lors des élections fédérales? Selon Alexandre Boulerice, le problème vient en grande partie du système électoral canadien.
Contrairement à d’autres pays qui utilisent la proportionnelle, le Canada fonctionne avec un mode de scrutin uninominal à un tour (« first-past-the-post ») qui favorise traditionnellement deux grands partis : le Parti libéral et le Parti conservateur. Résultat? Les électeurs hésitent à voter pour un parti comme le NPD et votent pour les deux grands partis traditionels (les libéraux ou les conservateurs), car ils craignent de diviser le vote et de favoriser l’un ou l’autre.
Il a illustré cela avec l’exemple des sondages récents : il y a quelques mois, le NPD surpassait les libéraux en popularité, ce qui en faisait une alternative progressiste aux conservateurs. Mais dès que le risque d’une victoire conservatrice est apparu, les électeurs ont préféré voter pour le Parti libéral, simplement pour bloquer les conservateurs.
Son engagement envers la Palestine
Un des sujets les plus sensibles abordés lors de la rencontre a été la question des droits humains en Palestine. Alexandre Boulerice a expliqué qu’il avait visité la Palestine à deux reprises, une fois en tant que journaliste et une autre fois en tant que député. Il est également vice-président du groupe d’amitié Canada-Palestine au Parlement.
Il a souligné que le NPD est l’un des rares partis au Canada à avoir une position claire sur le conflit en faveur des droits des Palestiniens, notamment en demandant un cessez-le-feu immédiat, la reconnaissance du génocide, l’arrestation de Benjamin Nétanyahou pour crimes de guerre, la fin de la vente d’armes à Israël et des sanctions contre les ministres israéliens extrémistes. Cependant, le parti ne prône pas encore la rupture totale des relations diplomatiques avec Israël, préférant privilégier des pressions politiques et économiques pour faire respecter le droit international.
Boulerice a également dénoncé un gros problème : le manque d’engagement des grandes puissances comme les États-Unis qui ne reconnaissent ni la Cour pénale internationale ni la Cour internationale de justice, ce qui complique l’application du droit international. Selon lui, la pression internationale est essentielle pour garantir le respect des droits des Palestiniens et pour soutenir la reconstruction de Gaza, où près de 50 000 personnes ont perdu la vie et où les infrastructures ont été massivement détruites.
La crise de l’itinérance et le rôle des églises
Une autre question posée par un élève concernait la crise de l’itinérance à Montréal et la proposition de Québec solidaire d’ouvrir les églises pour héberger les sans-abri. Boulerice a reconnu que la situation était critique et a expliqué que tous les paliers de gouvernement étaient impliqués dans la lutte contre l’itinérance, mais que les efforts actuels étaient insuffisants.
Il a expliqué qu’il y a différentes formes d’itinérance :
L’itinérance visible, comme celle des sans-abris dormants dans le métro.
Puis l’itinérance cachée, avec ceux qui vivent dans leur voiture ou dans des logements insalubres
Il a aussi critiqué la politique de la Ville de Montréal, qui chasse les sans-abris des stations de métro sans leur offrir de réelles alternatives.
Concernant la proposition d’utiliser les églises comme refuges temporaires, il a souligné que c’était plus compliqué qu’il n’y paraît : comment gérer la sécurité, les repas, l’hygiène dans des lieux religieux qui ne sont pas faits pour ça? Selon lui, la vraie solution, c’est d’investir massivement dans le logement social et communautaire, afin d’offrir des logements abordables et dignes à ceux qui en ont besoin.
Un échange enrichissant et inspirant
Cette rencontre avec Alexandre Boulerice a été une occasion précieuse pour les élèves de mieux comprendre les enjeux politiques du Canada et d’obtenir des réponses directes sur des sujets d’actualité. Son engagement, sa transparence et sa capacité à expliquer des questions complexes de manière accessible ont marqué les esprits et plusieurs élèves sont repartis avec une nouvelle vision du rôle d’un député.
Au-delà des débats politiques, son parcours est un exemple de persévérance et de détermination. Il nous rappelle que la politique est un engagement à long terme, où les victoires ne viennent pas toujours immédiatement, mais où chaque action peut contribuer à un changement progressif. Une rencontre enrichissante, qui prouve que la politique ne se joue pas qu’à Ottawa, mais aussi dans les discussions avec les citoyens.
Merci à Yasmine Daouni de l’École Secondaire Pierre-Laporte pour ce magnifique dessin!
***Cette retranscription a été réalisée avec le consentement du député. Pour des raisons de clarté et de concision, ses propos ont été simplifiés et adaptés à l’écrit.***
